Les profs sont des glandeurs ! #oupas


Non ce n'est pas que je sois à cran sur le sujet en tant que professeur-des-écoles-transformée-en-face-de-panda-sans-vie-sociale-après-une-période-scolaire-seulement
(Coucou, ça c'est moi au naturel !)

 Non VRAIMENT je ne suis pas à cran du tout.

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(Coucou ça c'est moi quand on me dit que les profs sont toujours en vacances !)
J'ai donc essayé d'analyser le pourquoi du comment de cette sensation de coléritude que je ressens systématiquement quand j'entends des discussions de comptoir (y compris sous couvert de débat pseudo-politique) sur les profs trop-payés-et-toujours-en-vacances.



Sur le salaire : rien à redire nous sommes grassement payés, j'en ai déjà parlé ici d'ailleurs.

Mais sur le temps de travail, comment faire comprendre la réalité du terrain ? Même entre enseignants d'ailleurs l'hétérogénéité du vécu est telle qu'elle génère souvent des incompréhensions entre collègues : bébés profs vs vieux bourlingueurs de l'EN, professeurs des écoles vs professeurs de lycée et collège, maternelle vs élémentaire, éducation prioritaire ou non, niveau de classe, profil des élèves (et des parents de ces élèves...), envie ou non de s'investir dans des projets aussi riches que chronophages sans parler des niveaux de professionnalisme (je vais me faire plein de potes, moi) et des capacités de travail aussi variables qu'il existe d'enseignants - comme dans tous les métiers du monde en vrai -...
BREF (Sophie arrête de flooder, on a compris l'idée), voilà autant de paramètres qui rendent difficiles les points de repères et les mesures fiables du temps de travail.
Difficile dès lors d'objectiver les choses dans le cadre d'un débat.

Et personnellement je m'en rends compte je suis encore plus chatouilleuse sur la question du temps de travail (parce que c'est aussi ma vie de famille, ma vie personnelle, ma santé qui sont en jeu) que sur la question de mon salaire de ouf qui m'est gracieusement versé chaque mois.

J'ai donc décidé d'outer au grand jour les 9 preuves irréfutables qui me contraignent à assumer ouvertement que

JE SUIS UNE VRAIE GLANDEUSE DE PROF

(comme ça on gagnera du temps)


  1. Je dors trop la nuit. On passera d'ailleurs sur le fait que parfois mon téléphone n'ait même pas le temps de charger complètement entre le moment où je me couche après avoir préparé ma classe et celui où mon réveil sonne.
  2. Je n'ai pas besoin de préparer mes cours. Ah mes fiches de prep ? Bah non c'est pas du boulot mais un simple hobby personnel voyons. Quant au matériel et aux documents utilisés en classe je les sors tout beaux tout chauds du sac de Mary Poppins. 
  3. Le temps passé à travailler avec les collègues ? A rencontrer les parents ? Allons donc, c'est pas du travail de papoter tranquillou bilou, si ?
  4. Mes cernes ? Oh juste une façon de créer le débat et de provoquer une réaction de mes interlocuteurs. Une forme d'art contemporain très poussé si vous voulez. La corrélation temporelle avec mes débuts dans l'Education Nationale est pure coïncidence.
  5. Ma journée en classe ? Bah depuis quand c'est un boulot de faire mumuse avec des enfants ? Franchement pour une babysitter mon taux-horaire est pas si mal...
  6. Je suis en maternelle donc je n'ai pas de copie à corriger. D'ailleurs c'est bien connu, en maternelle on ne fait pas d'évaluation donc pas besoin de regarder de près ce qu'ils font, pas besoin de prendre des notes, de suivre les progrès, pas besoin de trier et coller dans les cahiers de vie. Bref, la maternelle c'est la planque officielle.
  7. Les vacances ? Bah 6 mois par an c'est pas si mal. Surtout quand on glande le reste du temps.
  8. Les conseils de toutes sortes (maîtres, cycle, école...) ? Un apéro géant entre potes collègues. Enfin sans alcool et sans cahouètes. Mais sinon...
  9. La formation continue ? C'est easy daisy vu que c'est crop facile d'être prof. Quant à l'Espé j'en avais déjà parlé aussi c'est que du bonheur. Donc pas à comptabiliser comme temps de travail, si ?
  10. J'ai anonymé la copie de cet élève car je suis une gentille pitite PES
    respectueuse des devoirs de réserve et de neutralité
    que m'impose mon tout nouveau tout beau statut de fonctionnaire
    mais elle circule en version intégrale sur bien des groupes d'enseignants

    PS : 2 heures par soir de préparation de classe c'est pas pour des bébés-profs à fortiori...






























Sinon, voici quelques suggestions de lectures pour élever un peu le niveau des discussions des niaiseries qui peuvent être proférées régulièrement sur le sujet du statut d'enseignant :
- Les composantes de l'activité professionnelle des enseignants outre l'enseignement dans les classes - rapport de l'Inspection Générale de l'Education Nationale de juillet 2012 (cf. en particulier si vous avez envie d'aller à l'essentiel la conclusion de ce rapport p. 110, personnellement elle m'a donné envie d'approfondir la lecture du rapport) : ici

- Rapport sur le métier d'enseignant de la commission culture éducation et communication du Sénat (Attention ! Ne lisez pas les pages 7 à 16 de ce rapport si vous êtes candidat au CRPE ou si vous sentez vaciller votre envie d'enseigner) : ici 


- Le temps de travail des enseignants du premier degré (enquête de 2010 de la DEPP pour le Ministère de l'Education Nationale) : ici 


- L'Education Nationale en chiffres : ici 




#BlablaProf